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C'est le média qui nous fait voyager dans le passé !

L'INA nous dévoile la recette de son succès sur les réseaux

En mars, emporte la Média’Tech dans ta besace. Il n’y a pas vraiment de dicton très utilisé pour ce mois, alors on l’a fait à notre sauce. Bref, en attendant le printemps d’avril, on vous propose de continuer l’aventure pour notre 8ème édition de l’année (déjà !). Aujourd’hui, le rédacteur en chef de l’INA dévoile les coulisses de sa transformation numérique, l’IA dans le journalisme d’investigation aussi… Bonne lecture !

🎙️Média’Talk : On reçoit Richard Poirot, rédacteur en chef de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).

🤖 IA quoi ? : Comment l’IA révolutionne le journalisme d’investigation.

🌎 Vu d’ailleurs : Netflix détrôné en Afrique du Sud et Slate US au meilleur de sa forme en 2023.

📊 Infographix : La bataille des journaux du dimanche.

Le succès de l’INA sur le numérique : « Une question s'est posée : comment mettre l'actualité en perspective avec le passé ? »

En début d’année, l’INA a publié les résultats de ses activités sur les réseaux sociaux en 2022 et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1,7 milliard de vidéos vues, 11 millions d’abonnés toutes plateformes confondues. Et une audience jeune : sur Instagram et TikTok, respectivement 57 % et 34 % de l'audience a moins de 34 ans. Richard Poirot, rédacteur en chef de l’INA, revient sur ce succès.

Depuis quand l'INA s'est-elle mise au numérique ?

Historiquement, nous archivons le patrimoine audiovisuel, nous le restaurons et le classons ensuite pour le mettre à disposition de ceux qui souhaitent acheter des extraits. Au début de la présidence de Laurent Vallet à la tête de l’institut en 2015, il y avait la volonté de faire de l’INA un média. On s’est posé la question de s’adresser directement aux gens en diffusant nous-même du contenu. On ne fait plus que vendre nos archives, mais on les éditorialise en les mettant à disposition du public.

Il y a eu deux révolutions : la première est la numérisation des archives, il y a une quinzaine d’années. La seconde est le développement d’internet et des réseaux sociaux. Tout a commencé avec un site, « ina.fr », où nous mettions en ligne les archives, puis une offre éditoriale sur internet et les réseaux sociaux est arrivée.

Comment devenir un média grâce aux archives ?

Le premier déclencheur est arrivé en 2016 lors de la création de la chaîne de télévision France Info pour laquelle nous devions penser un module d'information basé sur les archives. Une question s'est alors posée : comment mettre l'actualité en perspective avec le passé ? Les contenus que nous mettions à disposition de France Télévisions, nous les diffusions aussi sur nos supports.

Peu à peu, nous avons formalisé une offre éditoriale qui repose sur deux jambes : la première est la mise en avant de notre patrimoine audiovisuel, en jouant sur un « effet nostalgie ». L’idée est d’offrir une fenêtre sur le passé mais aussi de montrer des extraits d’émissions, à travers une cinquantaine de chaînes YouTube thématiques. La deuxième jambe, c’est « l’INA éclaire l’actu ». On met en perspective l’information avec des archives, mais aussi avec des interlocuteurs que nous contactons. Il y a aussi le format react : une personnalité réagit à un événement passé, dans lequel il ou elle a eu un impact. Il y a d’autres formats, comme « Que sont-ils devenus ? », avec des personnes qui ont marqué à un moment la télévision. L’explosion des réseaux sociaux a permis de donner une visibilité inattendue mais très satisfaisante aux archives.

Comment parvient-on à parler du passé à des jeunes ?

D’abord, il ne faut pas se dire que les jeunes ne sont pas intéressés par le passé. Il y a un intérêt de tous pour ces archives. On s’inscrit dans les usages des réseaux sociaux, avec un montage très rythmé dans un format vertical.

Il y a aussi parfois des personnes moins jeunes qui nous regardent sur les réseaux sociaux. À l’été 2022, nous nous lançons sur TikTok et nous traitons de la sécheresse de 1976. La vidéo fait un million de vues et l’on remarque dans les commentaires une personne qui écrit : « Je m’en souviens ». C’est étonnant !

Comment est-ce que l'on adapte de vieux contenus de la télévision à TikTok ?

C’est un vrai défi pour nous car l’image de la télévision est horizontale. On divise donc l’écran en deux parties. Lorsque l’on rebondit à l’actualité, je demande de respecter la règle des trois « E » : le sujet doit être étonnant, éclairant et évocateur. Sur les dix premières secondes, il faut donner au moins deux « E ». Sur la forme, nous ne sommes pas différents de ce que font les autres, nous sommes modernes dans le récit. Nous ne faisons pas beaucoup de vidéos incarnées pour des questions de temps, nous en avons fait, et nous envisageons de le refaire mais nous sommes une petite équipe. Dans la rédaction, il y a une vingtaine de journalistes titulaires de la carte de presse en incluant cinq personnes qui travaillent pour La Revue des Médias (qui traite de l’actualité médiatique, ndlr).

Qu’est-ce qui attend l’INA dans les années à venir sur le numérique ?

Nous avons un nouvel axe : aller chercher les contenus des fonds tiers, d’autres personnes. Thierry Ardisson nous a confié les siens, Mireille Dumas aussi. Nous avons aussi un gros travail à faire sur les données : aujourd’hui, nous avons des outils, l’IA de manière générale, qui nous permet de regarder l’évolution d’un sujet traité dans les médias. Sur les réseaux sociaux, nous restons les gardiens de la mémoire longue.

Propos recueillis par Thibault Linard

Comment l’IA révolutionne
le journalisme d’investigation

Datashare et Neo4j, ces noms ne vous disent peut-être rien, pourtant ils transforment depuis plusieurs années le journalisme d’investigation. Panama Papers, Pandora Papers ou encore Paradise Papers… Ces révélations faites par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont pu voir le jour grâce à la combinaison de ces deux outils boostés à l’intelligence artificielle. On vous explique.

Mais en fait… ils font quoi ces logiciels ?

Datashare est un outil créé sur mesure pour le journalisme d’investigation. Son objectif premier est de communiquer des documents entre les journalistes de manière sécurisée. Mais il ne s’arrête pas là, et grâce à des programmes intégrés, il permet de scanner n’importe quel type de document et d’en extraire des noms d’entités, de personnes ou d’entreprises. L’utilisateur peut ensuite établir des bases de données de ces entités, et chercher à comprendre les liens entre elles.

C’est là où Neo4j entre en jeu. À partir d’une base de données, il crée automatiquement des graphiques interactifs qui aident le journaliste à organiser et hiérarchiser les informations. Idéal quand on doit travailler sur un nombre astronomique de documents d’entreprises ayant fuité. Pour les Panama Papers, comptez pas moins de 4 millions de mails, sans parler des autres documents !

Des outils maintenant accessibles à n’importe qui

Jusqu’à présent, les utiliser de manière conjointe était très compliqué. Peu de journalistes ou rédactions pouvaient s’approprier ce type de technologies nécessitant de savoir coder en langage informatique Python.

Une utilisation qui ne convenait pas au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). « Pendant 10 mois, on a travaillé sur un plug-in qui permet d’inclure directement les fonctionnalités de Neo4j dans Datashare. Plus besoin de savoir coder, ce qui permet à beaucoup plus de journalistes de pouvoir l’utiliser. Notamment nos médias partenaires dans le monde entier », explique Clément Doumouro, ingénieur informatique à l’ICIJ, qui a mené le projet.

Un plug-in sorti ce 7 février qui est désormais accessible au plus grand nombre : tout est téléchargeable gratuitement sur le site de l’ICIJ. Pour vous aiguiller, des tutos de Clément Doumouro sont également disponibles sur YouTube.

Des outils encore perfectibles

L’ICIJ ne veut pas s’arrêter là. « Ce que je veux faire prochainement, c’est un système de correction semi-automatique pour corriger les défauts inhérents à ce type d’outils IA. Par exemple, si un mail mentionne un « cher Pierre », sans nom de famille, je voudrais que le programme propose au journaliste des propositions sur l’identité de ce Pierre » s’enthousiasme Clément Doumouro. Prochaine étape, se nourrir des premiers retours des journalistes sur le plug-in et améliorer encore la machine.

Écrit par Josué Toubin-Perre
  • Showmax, le roi du streaming qui détrône Netflix en Afrique du Sud

Showmax est le nouveau leader incontesté du streaming vidéo en Afrique, surpassant l’icône américaine Netflix. Lancée en 2015 par MultiChoice, une entreprise sud-africaine spécialisée dans les médias et le divertissement, Showmax est une plateforme qui offre de larges contenus locaux et internationaux, comprenant à la fois de l'information et du divertissement, sous forme de séries, films ou encore des émissions de télévision. Disponible dans 44 pays africains, Showmax est une plateforme de streaming vidéo à la demande (SVOD) conçue sur mesure pour le marché africain. La plateforme, avec son catalogue comprenant 60% de productions africaines, met en avant les contenus locaux à travers les talents africains. « En novembre 2023, Showmax était à 2,1 millions d’abonnés en Afrique, dépassant Netflix qui était à 1,8 million », selon les données du cabinet d’études de marché Omdia rapportées par Rest of World. L’une des forces de la plateforme est sa politique de prix abordable pour son public cible. 177 millions de dollars, c’est ce que prévoient Multichoice et Comcast comme investissement pour accélérer et maintenir la position de leader de Showmax sur le marché africain.

  • Le chiffre d'affaires de Slate US augmente grâce à son podcast payant

En dépit des défis rencontrés l’année dernière par les médias, Slate, la société américaine de médias numérique, a su tirer son épingle du jeu. Slate est l'un des premiers médias à se saisir de l'univers des podcasts de discussion. L'émission hebdomadaire "political gabfest", lancée en 2005, est encore aujourd'hui son podcast le plus populaire et a largement contribué à l'augmentation des abonnements à Slate Plus. En 2023, Slate, grâce à ses podcasts payants et son site web, a vu ses revenus augmenter de 28% par rapport à l'année 2022. « L’année 2023 fut la plus lucrative des vingt-sept ans d’histoire de la société de médias numérique », annonce à Semafor, Katie Rayford, porte-parole de Slate. L'entreprise, grâce à ses revenus publicitaires, « fait 50% de bénéfice provenant du podcasting, tandis que les 50% restants sont générés par les annonces numériques sur son site web », certifie Charlie Kammerer, président et directeur des revenus de Slate.

Écrit par Khadidiatou Goro
Infographie réalisée par Christian Mouly

Et pour finir…

Allez jeter un œil à la belle enquête de The Intercept sur les remous internes à la rédaction de CNN liés au traitement de la guerre entre Israël et le Hamas. La journaliste Christiane Amanpour a exprimé sa « réelle détresse » face à la politique de « deux poids, deux mesures » de la chaîne vis-à-vis d’Israël et de la Palestine. Certains reporters arabes de la chaîne regrettent également un climat de suspicion sur l'honnêteté de leur travail. Un énième écho des tensions qui traversent les rédactions occidentales sur la question.