- La Média'Tech
- Posts
- Comment Libération enquête sur l'extrême droite ?
Comment Libération enquête sur l'extrême droite ?
🔎 Tout savoir sur la newsletter « Frontal »
Parce que la grisaille automnale et l’hiver arrivant nous dépriment, on a décidé de réchauffer les cœurs ! Hop, la deuxième édition de la Média’Tech sort tout juste du four. Croquante en surface, moelleuse à l’intérieur. Y’a pas de mal à se faire une petite douceur médiatique en ces temps troublés. Bonne lecture !
🎙️ Média’Talk : On reçoit le journaliste Maxime Macé pour nous parler de la dernière newsletter de Libération sur l’extrême droite, « Frontal ».
🤖 IA quoi ? : Des résumés d’articles générés par l’IA sur Numerama.
🌍 Vu d’ailleurs : Google, liberté des médias et + 972.
📊 Infographix : OpenAI, sous l’emprise de Microsoft ?
En septembre dernier, Libération lançait sa newsletter d’enquête et d’analyse sur l’extrême droite, « Frontal ». C’est l’heure de dresser un premier bilan en compagnie d’un des ses rédacteurs, Maxime Macé, journaliste spécialiste des mouvements radicaux de droite.
Qu’est ce qui vous a encouragé à parler davantage de l’extrême droite à Libération ?
C’est d’abord le constat de la résurgence d’une nébuleuse de groupuscules depuis la dissolution de Génération identitaire et même avant du Bastion social en 2019. On observe la réorganisation d’une mouvance radicale tournée vers l'affrontement violent. Cela nécessite un travail presque au jour le jour sur la question. C’est pour ça que Libération nous a embauchés avec Pierre Plottu [également journaliste à Libération, spécialiste de l’extrême droite, ndlr]. Il y a aussi une dimension politique plus nationale, avec la montée du vote Rassemblement national (RN) et leurs 88 députés à l’Assemblée nationale. On retrouve chez les collaborateurs parlementaires de tel ou tel député RN des gens qui appartiennent à des groupuscules d’extrême droite ou identitaires. On ne peut plus traiter l’extrême droite avec un seul journaliste permanent comme on pourrait traiter un autre parti. On n’a pas affaire à la même force politique. Il faut plus de cerveaux et d’effectifs.
Pourquoi avoir décidé de traiter l’extrême droite sous la forme d’une newsletter ?
Il nous semblait qu’il y avait une appétence particulière pour ces questions au sein du lectorat de Libération. Lorsque le lecteur n’a pas suffisamment le temps de lire le journal ou de faire un suivi régulier, il retrouve avec « Frontal » l’essentiel des articles sur cette question au cours de la semaine. Le tout agrémenté de brèves et de contenus exclusifs plus courts qui n’ont pas vocation à être sur le site de Libération.
D’où vient l’idée de lancer ce format ?
L’idée de la newsletter, c’est nous qui l'avons proposée avec Pierre Plottu à la direction de Libération. La direction l’a trouvée intéressante et y a vu une opportunité de développement. On s’est donc associés avec deux autres journalistes avec qui on travaillait déjà, Nicolas Massol et Tristan Berteloot. Ils suivent les partis d'extrême droite et font de l’enquête au long cours, ça s'est fait assez naturellement.
Quelle a été votre source d’inspiration pour cette newsletter ?
Avec Pierre Plottu, on avait déjà fait une newsletter pour StreetPress, qui s’appelle « Faf ». On l’avait montée à l’occasion de la présidentielle 2022 pour avoir un suivi précis et hebdomadaire des actualités liées à l'extrême droite. C’est un format qu’on avait en tête depuis longtemps avec SteetPress et qui a bien fonctionné.
Je pense que c’est un format que le lecteur plébiscite parce qu’il aime bien retrouver au même endroit les articles sur une thématique qui l’intéressent particulièrement. Je suis abonné à d’autres newsletters de Libération - pas toutes, il y en a trop [rire] -, notamment celle sur l’environnement. Je n’ai pas forcément le temps dans la semaine de lire tous les articles qui ont trait à cette question. Je sais que j’ai mon rendez-vous, que je vais avoir une sélection de ce qui a plu aux journalistes qui travaillent sur cette question. C’est un format et un outil très pratique.
La réponse un peu bravache, c’est de dire : si moi j’arrête à cause des menaces, ils ont trouvé la solution pour qu’on enquête plus jamais sur eux. Ça c’est hors de question. Ce n’est pas eux qui me dictent comment je dois faire mon métier. Si on nous impose un rapport de force — parce que les menaces sont un rapport de force — et qu’on abdique, alors on échoue. Il est hors de question d’abdiquer. Notre premier devoir est de rapporter l’information, il ne faut pas transiger avec ça. C’est aussi pourquoi il nous semblait important de faire une cartographie de ces groupuscules d’extrême droite. C’était important pour les lecteurs de Libération moins avertis de montrer que c’est une organisation territoriale importante et extrêmement locale.
Propos recueillis par Christian Mouly
Numerama utilise désormais l’IA pour générer des résumés d’articles
C’est arrivé jeudi dernier ! Numerama lance Numerama+, un abonnement (à partir de 4,90€ par mois) qui permet aux utilisateurs, entre autres, de générer des résumés des articles du site en trois points, le tout grâce à l’intelligence artificielle générative.
Voici trois points à retenir de cette nouveauté (et ce n’est pas une intelligence artificielle qui l’écrit) :
Une idée contre-intuitive et plusieurs études universitaires à l’origine : « On a lu que le lecteur a une meilleure attention sur un article quand il y a un résumé, explique Julien Cadot, chef des opérations du groupe Humanoid, l’éditeur de Numerama. On pense que ça fait partir le lecteur mais en fait, ça a un pouvoir incitatif. Quand on a les éléments précis d’un sujet, on veut poursuivre la lecture. » Un constat et d’autres observations : les IA savent très bien résumer des textes. « C’est la meilleure chose qu’elles savent faire. Nous sommes toujours très déçus quand on doit leur demander de produire du contenu », poursuit Julien Cadot. Hallucinations, mauvais style, erreurs… Générer des résumés semble être à la portée des IA.
De l’IA oui… mais le journaliste la supervise : pour ce projet, Numerama utilise « un prompt basé sur les API de OpenAI, donc GPT4 Turbo qui est intégré en back-office chez nous », détaille Julien Cadot. Numerama ne passe donc pas directement par ChatGPT mais fait appel à l’interface logicielle d’OpenAI pour échanger des fonctionnalités et donc générer ces résumés. Le tout par le modèle le plus puissant disponible, pour le moment. Le journaliste relit, corrige et amende les résumés pour garantir une information fiable. « C’est une grande valeur ajoutée pour le lecteur, mais pas pour le journaliste. C’est lassant d’écrire à chaque fois un résumé. Maintenant, il n’y a plus qu’à corriger l’IA », précise Julien Cadot.
Numerama continue d’éditorialiser ses contenus avec l’IA : « On travaille sur ces projets depuis novembre 2022 », rappelle Julien Cadot. La génération des résumés par l’intelligence artificielle est comprise dans l’offre de Numerama+ (à partir de 4,90€ par mois). L’ensemble du site reste cependant gratuit précise le chef des opérations d’Humanoid. Numerama+ devrait être une offre évolutive : « Des fonctionnalités vont évoluer, d’autres seront ajoutées », ajoute Julien Cadot. Numerama n’en est pas à son premier essai : la newsletter « Artificielles », entièrement créée par l’IA, mais relue par les journalistes, avait déjà vu le jour en juin dernier.
Écrit par Thibault Linard
Google passe un accord « historique » avec les médias canadiens :
Google versera 100 millions de dollars par an aux médias canadiens. Cette décision entre dans le cadre d’une loi (en vigueur le 19 décembre prochain au canada) qui contraint les géants du numérique à négocier des compromis financiers avec les médias dont ils diffusent les contenus.
Google, au départ n’était pas d’accord et menaçait de bloquer les contenus des médias canadiens. Après des pourparlers, un consensus est finalement trouvé entre le géant du web et le gouvernement canadien. Ces 100 millions peuvent inclure des outils technologiques ou des formations pour les journalistes.
+972 : le média qui fait dialoguer palestiniens et israéliens
+972 est un site internet créé en août 2010 par un groupe d’écrivains établis en Israël et Palestine. Le magazine inclut également des écrivains nord-américains. Le nom est dérivé du code international « 972 » qui est partagé par Israël et les territoires palestiniens. L’écrivain Noam Sheizaf, PDG de +972 décrit l’esprit du magazine comme « une nouvelle et surtout jeune voix qui prendrait part au débat international concernant Israël et la Palestine ».
+972 fait appel à des éditorialistes réguliers mais également des contributeurs occasionnels. Le 30 novembre dernier, le webzine a révélé que l’armée israélienne utilisait un système d’intelligence artificielle pour générer des cibles à une vitesse jamais vue auparavant.
Le Media Freedom Act : un espoir mort-né pour les journalistes ?
Destiné à lutter contre la concentration des médias, à œuvrer pour le renforcement de l'indépendance éditoriale des rédactions, le Media Freedom Act avait fait naître de l’espoir chez les journalistes. Cependant, certains points de cette loi votée pour les médias risqueraient d’entraver les journalistes. « La France œuvrerait en coulisses pour autoriser l’espionnage des journalistes au nom de la “sécurité nationale” » en modifiant l’article 4 du Media Freedom Act, fait savoir Forbidden Stories, le collectif de journalistes d’investigation. Cette future loi sur la liberté de la presse permettrait de placer des logiciels d’espions sur les téléphones des journalistes au nom de la « sécurité nationale ». Face à cette situation, la résistance s’organise : une lettre ouverte a été signée par une soixantaine d’organisations européennes de journalistes et de la société civile adressée aux ambassadeurs chargés de la négociation. Au nom de la liberté d’expression et de la protection des journalistes, ils exhortent le Conseil européen à reconsidérer sa position actuelle.
Écrit par Khadidiatou Goro
Infographie réalisée par Josué Toubin-Perre
Et pour finir…
On vous conseille le générateur de Une du New Yorker ! Pour la sortie d’un numéro consacré à l’IA, le magazine propose aux lecteurs de créer la Une de leur rêve.
A un détail près : le rendu ne sera pas forcément celui que vous vouliez et c’est complètement normal ! L’illustrateur Christophe Niemann veut montrer les conséquences du recours à l’IA. Le but ? Nous interroger sur l’intelligence artificielle. Surprenant.