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đ€ Faut-il quitter X ?
Cette semaine, David Carzon nous parle du meÌdia Hupster, petit dernier de Loopsider. On revient aussi sur la rentabiliteÌ nouvelle de Reddit, sur le chatbot paraguayen qui sensibilise aux impacts du narcotrafic et sur le lancement par l'Arcom d'un Observatoire des plateformes en ligne.
La rĂ©Ă©lection de Donald Trump et lâentrĂ©e au gouvernement dâElon Musk soulĂšvent de nombreuses questions. Parmi elles, faut-il quitter X ? Câest le choix radical pris par les journaux Ouest-France, Sud Ouest, La Vanguardia et The Guardian. Contenus toxiques, dĂ©sinformation, algorithmes biaisĂ©s et influence politique de son propriĂ©taire⊠Depuis le rachat de la plateforme par Elon Musk en 2022, le sujet enflamme les rĂ©dactions. DĂ©jĂ en 2023, CBC/Radio-Canada Ă©tait parti avant de revenir trois semaines plus tard, en dĂ©fendant lâimportance dâune prĂ©sence mĂ©diatique sur le rĂ©seau social. NPR, de son cĂŽtĂ©, a quittĂ© la plateforme la mĂȘme annĂ©e sans que son trafic nâen pĂątisse. X ne semble plus ĂȘtre un canal essentiel pour tous, et des alternatives comme Threads et Bluesky paraissent prĂȘtes Ă prendre le relais. Ce dernier a dĂ©passĂ© cette semaine les 20 millions dâutilisateurs, il nâen comptait que 5 millions cet Ă©tĂ©. Si certains mĂ©dias osent cette libertĂ©, nombreux sont ceux qui restent silencieux. La journaliste SalomĂ© SaquĂ© explique que quitter X nâest pas si simple : « Quand son activitĂ© professionnelle en dĂ©pend, il nâest vraiment pas simple de renoncer Ă de la visibilitĂ©. »
LancĂ© en 2023 par Loopsider, Hupster est un mĂ©dia spĂ©cialisĂ© dans la crĂ©ation de contenus, et son Ă©conomie, qui se dĂ©cline sur les rĂ©seaux sociaux et dans une newsletter quotidienne. David Carzon, cofondateur et ancien directeur de Binge Audio, est aujourdâhui un de ces rĂ©dacteurs. Il nous raconte comment ce mĂ©dia lui permet de partager des rĂ©cits Ă la fois neufs et utiles.
La newsletter Hupster, quâest-ce que câest ?
Hupster câest un mĂ©dia Ă©ditĂ© par Loopsider, pour parler de technologies, Ă la fois sur les rĂ©seaux sociaux (TikTok et Instagram) et via une newsletter qui cherche plutĂŽt Ă apporter de la rĂ©flexion. Cinq fois par semaine, on parle de la tech autrement, notamment le mercredi oĂč je raconte des « grandes saga » de personnalitĂ©s, d'entrepreneurs ou de mĂ©dias liĂ©s au monde de la tech. Mon objectif câest de le raconter de façon Ă ce quâon en apprenne quelque chose.
Pourquoi parler de tech et de création de contenu ?
Jâai occupĂ© plusieurs postes de direction Ă Arte, TĂ©lĂ©rama ou encore LibĂ©ration, dans lesquels il y avait toujours une mission de culture numĂ©rique. Il fallait adapter les journaux, permuter des contenus, trouver de nouveaux modĂšles Ă©conomiques et formules⊠La tech et la maniĂšre dâen parler mâont toujours passionnĂ©. Jâai commencĂ© Ă Ă©crire sur ces sujets au milieu des annĂ©es 2000. Ă lâĂ©poque, je trouvais quâon parlait beaucoup dâinternet, des problĂšmes Ă©conomiques, des levĂ©es de fonds ou des libertĂ©s individuelles. Ce sont des questions importantes, mais on oubliait totalement de parler des usages. Et aujourdâhui avec lâIA et les nouvelles technologies, câest la mĂȘme chose. On ne parle pas de comment on peut se servir de ces technologies, ou de comment elles nous desservent.
Quand jâai quittĂ© Binge Audio, que jâavais cofondĂ©, jâai voulu rĂ©Ă©crire sur la tech. Au mĂȘme moment, Loopsider voulait lancer son mĂ©dia sur la technologie donc jâai profitĂ© de lâopportunitĂ© pour me rĂ©approprier ces sujets.
Si lâon veut un format que les gens ouvrent et lisent, alors le format newsletter, plus rĂ©gulier et engagĂ©, est parfait.
David Carzon, rédacteur chez Hupster
Pourquoi le format newsletter plutĂŽt quâun autre pour parler de ces questions ?
Le format dĂ©pend de lâobjectif quâon a. Si on veut faire Ă©normĂ©ment dâaudience, le format newsletter n'est pas forcĂ©ment adaptĂ©. On monte un site web, on fait de lâactu, mais les gens lisent les titres sans lire la suite de lâarticle. Si lâon veut un format que les gens ouvrent et lisent, alors le format newsletter, plus rĂ©gulier et engagĂ©, est parfait. Câest justement ce que je voulais : une audience qui va lire et sâintĂ©resser Ă ces sujets et ensuite sâen servir dans leur propre vie.
Dans tous les parcours et les histoires, j'essaie de faire en sorte que les lecteurs puissent apprendre quelque chose. Il y a des interviews que jâaurai aimĂ© faire, ou lire plus tĂŽt, pour comprendre comment mieux gĂ©rer ma boĂźte quand je lâavais !
Comment est-ce que vous travaillez pour trouver toutes ces histoires ? Quelques conseils pour faire une newsletter ?
Ce travail, câest essentiellement un Ă©norme travail de curation. Je regarde la maniĂšre dont on parle de lâIA, de la technologie, dâinternet, des rĂ©seaux sociaux⊠et jâessaie de voir oĂč sont les signaux faibles et les choses dont on ne parle pas.
Je consulte beaucoup de contenus amĂ©ricains. Je suis notamment abonnĂ© Ă la newsletter The Hustle, au podcast Acquired ou encore au site Axios. Et je lis Ă©normĂ©ment de contenus faits par des personnes, en France, qui travaillent sur ces sujets. Comme FrĂ©dĂ©ric Filloux dans sa newsletter Episodiques dont jâapprĂ©cie beaucoup le ton. Et cette curation ne se fait pas uniquement sur les sujets, mais aussi sur les personnages et les histoires intĂ©ressantes. Câest en faisant de longues interviews dĂ©taillĂ©es que je trouve de nouvelles idĂ©es et de nouvelles personnes Ă qui parler.
Dâailleurs, est-ce quâil y a une histoire qui vous a marquĂ©e ?
Jâai adorĂ© parler de lâhistoire dâune boĂźte française qui sâappelle Gladia. Câest une entreprise qui fait de la retranscription de texte. Ce sont les seuls au monde capables de gĂ©rer des changements de langue en temps rĂ©el. Elle est dĂ©veloppĂ©e par Jean-Louis QuĂ©guiner, un Français qui avait travaillĂ© chez OVH (hĂ©bergeur de sites internet français, NDLR) et qui est vraiment extraordinaire. Ă lâorigine, ce nâest pas un entrepreneur, mais plutĂŽt un geek. Il a montĂ© sa boĂźte et levĂ© des millions, le tout avec une approche vraiment intĂ©ressante et fascinante. Câest le genre de personnages que je cherche parce que jâai appris beaucoup de choses en le faisant parler. Et jâespĂšre que les lecteurs aussi !
đ Visiter Reddit, câest ici !
Au Paraguay, un chatbot raconte lâhistoire dâune prisonniĂšre victime du trafic de drogue
đ Le lien du chatbot juste ici
Exit les vieux, welcome les jeunes : le pari fou de la PQR norvégienne pour toucher de nouvelles audiences
Comment se renouveler face Ă des audiences vieillissantes ? La presse norvĂ©gienne a peut-ĂȘtre un dĂ©but de rĂ©ponse. Amedia, le plus gros Ă©diteur de journaux du pays (130 titres), a lancĂ©, en mai, une expĂ©rimentation. Le concept : « rajeunir » deux de ses titres phares - le Romerikes Blad et le Halden Arbeiderblad en proposant exclusivement des thĂ©matiques qui « rĂ©sonnent » chez les moins de 40 ans. Par exemple, en consacrant un reportage Ă une jeune employĂ©e ayant gravi les Ă©chelons pour diriger sa propre boutique, plutĂŽt quâĂ une gĂ©rante plus ĂągĂ©e. Le pari est assez osĂ© : les personnes ĂągĂ©es de plus de 60 ans reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© des 790 000 abonnĂ©s aux titres du groupe Amedia. Sâil est encore trop tĂŽt pour en tirer un bilan, Janne Ryght, qui pilote le projet au sein du groupe, y voit dĂ©jĂ de bons signes. Ainsi, les sujets « jeunes » ont du succĂšs non seulement chez les concernĂ©s, mais aussi chez les plus vieux⊠« Nous avons au total plus de lecteurs, et nous rĂ©ussissons en plus Ă toucher de plus jeunes audiences », conclut-elle.
LâArcom rattrape enfin son retard sur les audiences en ligne
LâArcom met le cap sur Internet. Le 8 novembre, lâautoritĂ© de rĂ©gulation a annoncĂ© le lancement dâun Observatoire des plateformes en ligne et publiĂ© son premier rapport. Le but ? Mieux connaĂźtre les audiences - et notamment les 12-17 ans, sur lesquelles elle met lâaccent - des « trĂšs grandes plateformes et grands moteurs de recherche ». Dans la liste des concernĂ©s, on retrouve Ă©videmment Google, YouTube, X, Instagram, Shein, WikipĂ©dia⊠Mais aussi Pornhub et XNXX, deux mastodontes du porno en ligne. On apprend dans lâĂ©tude que plus de la moitiĂ© des utilisateurs de Temu et de Booking est ĂągĂ©e de 50 ans et plus ; que Snapchat et TikTok ont vu leurs audiences vieillir - respectivement - de 3 et 10 ans en quatre ans⊠Et que chaque mois, Pornhub est visitĂ© par un tiers des ados de 12 Ă 17 ans.
Ouest-France lance officiellement âKolokâ son mĂ©dia par/pour/avec les jeunes
Câest enfin le top dĂ©part pour Kolok, le nĂ©o-mĂ©dia Ă destination des 18-25 ans portĂ© par Ouest-France. Le nouvel arrivĂ©, qui se veut un projet « 100% vidĂ©o, 100% immersif », pour voir le monde « Ă travers les yeux des 18-25 », a Ă©tĂ© officiellement lancĂ© par le mĂ©dia le 13 novembre 2024. « Officiellement », oui, parce que Kolok a en fait Ă©tĂ© lancĂ© en catimini sur YouTube en octobre dernier, avec un rythme de deux vidĂ©os par semaine. Le tout, incarnĂ© par les journalistes BĂ©rangĂšre Bourgoin, François Carpentier, Jordan Lachaux, montĂ© par Logan Visseiche et pilotĂ© par Loup Lassinat-Foubert. Parmi les sujets dĂ©jĂ traitĂ©s : une visite des studios français dâanimation derriĂšre la sĂ©rie Netflix Arcane (cocorico !), un docu sur les 1000 vies de Donald Trump, ou encore un reportage dans la COURSE la plus DURE du MONDE.