La Média'Tech passe en mode olympique ! 🏆

Géraldine Pons est notre invitée avant les JO

La Média’Tech est en forme olympique ! Si certains vous racontent la préparation des athlètes, on a décidé de vous parler de celle des médias à moins de 100 jours de Paris 2024. Savourez cette édition spéciale comme un salto de Simone Biles, une prise de Teddy Riner ou une envolée de Renaud Lavillenie. Bonne lecture !

🎙️Média’Talk : On reçoit Géraldine Pons, directrice des sports à Eurosport.

🤖 IA quoi ? : Les JO de Paris, terrain d’essai pour l’IA.

🌎 Vu d’ailleurs : Le dessin de presse, les célébrités qui commentent les JO et TF1 ciblé par la Russie.

📊 Infographix : Couverture des JO, les médias sortent le grand jeu.

« Avec les JO, il faut que le sport devienne un divertissement pour toucher un large public »

À trois mois des Jeux olympiques de Paris, la tension monte doucement du côté des diffuseurs de la compétition. À Eurosport, le dispositif général de couverture est connu, mais de nombreux détails restent encore à ficeler. Sa directrice des sports, Géraldine Pons, revient avec nous sur les nouveautés techniques et éditoriales du groupe qui vont marquer la quinzaine olympique.

Eurosport diffuse les Jeux olympiques depuis 1992, qu’est-ce qui change pour cette édition 2024 à Paris ?

Le vrai changement cette année, une petite révolution en France, c’est qu’on diffuse l’intégralité des épreuves. Il y aura 3 800 heures de direct en quinze jours. Nous devrons être capables de diffuser jusqu’à 62 flux en même temps, avec dix chaînes de télévision linéaires et tout le reste en digital. Et quasiment l’ensemble des épreuves sera commenté en direct, en français. Tout ceci implique un gros réseau technique : elle est là, la grande innovation de ces jeux.

En matière technologique justement, prévoyez-vous de nouveaux dispositifs ?

Oui, Warner Bros. Discovery [détenteur d’Eurosport depuis 2015, NDLR] est un groupe d’entertainment, avec un savoir-faire dans la façon de raconter les images et d’immerger le téléspectateur. Nous avons par exemple un studio intégralement numérique qui nous permettra de projeter virtuellement le commentateur et son consultant au sein même de l’enceinte sportive. Nous l’utilisons déjà pour l’Open d’Australie en tennis. Concrètement, le journaliste pourra apparaître comme s’il parlait au pied de la piscine olympique ou au milieu du Stade de France pour l’athlétisme. Concernant la visualisation de spectateurs fictifs dans les gradins pour améliorer la simulation, nous devons encore le déterminer.

La question de l’utilisation de l’IA dans les médias revient beaucoup dans les conversations, comptez-vous en faire usage dans le cadre des JO ?

Non, il faut comprendre que les Jeux olympiques c’est un événement qui vit d’abord par le direct, l’épreuve, la compétition. C’est ce que veulent voir les spectateurs. Il ne faut pas trop surcharger la diffusion de l’événement. On risquerait de perdre la saveur des JO.

Vous misez donc sur une retransmission épurée de la compétition ?

Oui, cela dit nous prévoyons de faire notre propre production pendant les épreuves en direct. Nous n’allons pas nous contenter de reprendre les images d’OBS, la boîte de production officielle des JO. Pour une épreuve d’aviron par exemple, il y aura 5 à 10 minutes d’introduction avant la course avec un sujet, une interview, un portrait et les règles de l’épreuve. Nous allons également incruster des graphiques pendant les moments creux du live. Ce sont des choses que l'on fait habituellement à la marge que nous souhaitons généraliser et accentuer : 80 % des épreuves seront concernées.

Par ailleurs, nous avons une énorme régie qui absorbe tous les flux, nous permettant de faire une playlist adaptée sur chaque chaîne. On va par exemple pouvoir totalement personnaliser notre antenne sur les exploits des Français sur Eurosport 2 quand, dans le même temps, le basket aura la vedette sur Eurosport 6.

Au-delà des dispositifs techniques, comment comptez-vous incarner l’entertainment à l’antenne ?

Comme tout le monde, on proposera évidemment chaque jour une émission pour lancer la journée le matin et une émission débrief le soir, avec toutes les réactions. Mais il y aura aussi une dizaine de formats originaux. D’abord la rubrique « One-to-one », où le champion de BMX Matthias Dandois interroge des personnalités françaises qui font briller les valeurs de la France à l’étranger. Qui de mieux qu’un sportif pour ça. Nous avons également recruté l'humoriste Vincent Desagnat, qui va faire faire un zapping décalé. Le champion du monde de ski acrobatique Kevin Rolland va aussi nous faire visiter Paris.

Quel est l’objectif derrière ?

Il faut que le sport devienne un divertissement pour aller chercher un public plus large qui aujourd’hui ne s’intéresse pas forcément au sport. Notre public actuel est un public masculin de plus de 45 ans, expert sur le sport. L’avenir d’Eurosport est de s’intégrer dans un large bouquet de programmes de divertissement et d’information, en particulier à travers le lancement cet été de notre plateforme Max, qui va regrouper tous les catalogues de Warner Bros.

Pensez-vous vraiment parvenir à élargir votre audience grâce aux jeux ?

On n’a pas tellement réussi à le faire lors des précédentes éditions, mais nous n’avions pas le même réseau de diffusion qu’aujourd’hui. Et puis nous sommes à Paris. Il y a une appétence du public malgré le « JO bashing ».

Propos recueillis par Christian Mouly

Les JO de Paris, terrain d’essai pour l’IA

Un « game changer ». Des mots de Thomas Bach, président du Comité International Olympique (CIO), l’intelligence artificielle va révolutionner la manière de diffuser le sport, et il ne veut pas rater le coche. Les JO de Paris seront l’occasion de tester une large gamme d’outils IA… On t’explique tous les enjeux.

🤺 Qui diffuse les JO ?

Toutes les images et sons des épreuves olympiques sont pris par un diffuseur officiel : OBS (Olympic Brodcasting Service), qui le transmet ensuite à des diffuseurs partenaires, par exemple en France, Eurosport et France Télévisions. C’est sur le flux officiel produit par OBS qu’Intel, un des acteurs majeurs du domaine de l’intelligence artificielle, va pouvoir tester toute sa nouvelle palette de produits IA. On nous promet une expérience plus « immersive » et « connectée » pour le spectateur grâce à l’intelligence artificielle.

🤖 Concrètement, quelle utilisation de l’IA ?

C’est l’avancée majeure dont se vantent OBS et Intel. Pour la première fois dans une compétition sportive, des séquences de highlights, ou temps forts en français, seront automatiquement générées par une IA pour 14 sports. Le bonus : les séquences pourront être personnalisées en fonction des paroles des commentateurs, pour s’adapter à chaque diffuseur partenaire et dans chaque langue.

Intel promet à terme des séquences personnalisables par n’importe quel spectateur en fonction de leur sport et leurs athlètes favoris, mais la technologie semble encore trop récente pour une telle utilisation.

☮️ L’IA comme juge de paix

L’IA pendant les JO, c’est aussi un outil pour évaluer les performances des athlètes. Dans une démonstration du 19 avril, OBS a voulu montrer comment tout peut être évalué avec un exemple de plongeon acrobatique. De la vitesse de rotation du plongeur, à l’angle de son corps au moment de rentrer dans l’eau. Des graphiques générés automatiquement peuvent ensuite être diffusés pour montrer les différents enjeux aux spectateurs.

Le CIO veut se servir de ces analyses pour objectiver les notes des juges dans certaines disciplines comme la gymnastique et aider le public à se rendre compte des prouesses techniques des athlètes à l’aide d’animations. Mais loin de faire l’unanimité, cet outil a alimenté un débat qui fait rage depuis plusieurs années dans le sport : une performance peut-elle être jugée par une machine ? Ne doit-on pas laisser une part de subjectivité, même pour les jurys ?

🥇 Est-ce une première dans l’histoire des Jeux olympiques ?

Le partenariat entre OBS et Intel remonte à 2017, et de nombreux outils IA ont été testés lors des précédentes olympiades. Les JO de la jeunesse d’hiver en 2023 à Gangwon, en Corée du Sud, ont même été l’occasion de tester des caméras pilotées par l’IA lors des épreuves de hockey sur glace. Mais de l’aveu d’OBS, cette technologie n’est pas encore « mature », incapable de s’adapter à des événements inhabituels comme des blessures. Paris 2024 se démarque cependant par l’ampleur du déploiement des outils IA. Gestion des archives, du cloud… Même le flux officiel sera compressé par l’intelligence artificielle pour l’envoyer de manière plus simple aux diffuseurs partenaires.

🤑  Avant tout une histoire d’argent ?

Quand on s’attarde sur les discours, on comprend vite que cette passion pour l’IA, c’est aussi une question de gros sous pour tout le secteur. Andrew Georgiou, directeur général du service Sports Europe à Warner Bros Discovery, mise sur la traduction par IA pour gagner des parts d’audience pour sa chaîne HBO Max, qui veut concurrencer les diffuseurs des JO dans le monde entier. « Nous sommes présents sur 47 marchés différents, dans 19 langues différentes. Nous employons 400 traducteurs […] comment utiliser la technologie pour améliorer la traduction et localiser davantage ce contenu ? » disait-il le 19 avril.

Pour le CIO, l’utilisation de l’IA garantit de nouveaux marchés commerciaux pour les droits de diffusion, et permet de nombreuses économies en montage et traduction. Thomas Bach promet une « révolution positive dans le sport » grâce à l’intelligence artificielle. Reste à voir si le CIO ne veut pas courir trop vite.

Écrit par Josué Toubin-Perre
  • Un nouvel outil pédagogique de sport face aux défis sociétaux

Un dispositif pédagogique sur les dessins de presse s’est lancé le mois dernier à l’occasion de Paris 2024. Le nouvel équipement dédié aux collégiens, lycéens et enseignants explore la manière dont le sport reflète les enjeux de notre société. Le but ? Aider les élèves à comprendre et analyser une image, développer leur esprit critique face aux problèmes sociétaux et surtout défendre la liberté d’expression. Il est créé par Cartooning for Peace, un collectif de dessinateurs de presse du monde entier. Des jeunes issus des « centres Paris Anim », membres de l’association sont les initiateurs du projet. Elle se présente sous forme d'une exposition de dix dessins de presse grand format. Les sujets évoqués dans ces caricatures sont entre autres le racisme, le sexisme, les questions environnementales.

  • Les chaînes de télévision misent sur les célébrités pour captiver un autre public

Quand des célébrités arrachent la vedette aux sportifs pour les JO 2024. L’influent artiste américain Snoop Dogg commentera les JO pour la chaîne NBC, réseau titulaire des droits de diffusion de la compétition pour les États-Unis. Le rappeur a publié une vidéo promotionnelle sur X, promettant des entretiens « à la snoop » : légers et décontractés. Mais pas que ! L'icône du rap prévoit des rencontres avec les athlètes, des visites d’endroits historiques et de sites de compétitions. Faire appel à des stars internationales n’est pas une pratique nouvelle. À l’occasion de l’ouverture des Jeux de 2012, Elizabeth II avait marqué les esprits avec son saut en parachute avec l’acteur britannique Daniel Craig. Le prince Albert de Monaco a concouru cinq fois en bobsleigh aux Jeux d’hiver, et Jean Rochefort a brillé en tant que commentateur aux JO d’Athènes en 2004.

  • TF1 prise pour appât par les Russes pour déstabiliser l’organisation des JO

Les Russes, au nom des médias français tentent de désinformer en ligne sur l’organisation des Jeux olympiques. Ces fausses informations sont notamment attribuées à la chaîne TF1. La charte graphique et le format du média ont été mimés pour prétendre à une crise économique affectant les Jeux de Paris. La chaîne de télévision privée en est la troisième victime après France 24 et RFI. Ce faux montage affirme que Spotify, Lego et Hocland, les sponsors principaux, se seraient rétractés à l’approche de l’ouverture. Une déclaration sans fondement véhiculée par une vidéo mise en ligne le lundi 8 avril 2024 sur le canal Telegram d’un influenceur pro russe. L’infox a rapidement fait le tour des chaînes de propagande du Kremlin sur le réseau social. Suite à des vérifications faites par RFI, TF1 confirme la fausseté de ces allégations. La désinformation cible aussi le sport et tente de provoquer la panique à l’approche de la compétition mondiale. 

Écrit par Khadidiatou Goro
Infographie réalisée par Thibault Linard

Et pour finir…

Nous sommes tous d’accord pour dire que les unes du magazine The New Yorker sont les plus belles. Mais que donnerait son équivalent parisien, The Parisianer ? C’est ce que plusieurs artistes ont imaginé ! Si la création du projet remonte à 2013, ils ont édité des couvertures spéciales à l’occasion des Jeux olympiques. Du tennis avec des casseroles, du trampoline sur des matelas… The Parisianer sublime la vie des habitants de la capitale à travers 43 unes rassemblées dans un livre tiré à 10 000 exemplaires et disponible depuis le 1er mars, “The Parisianer, le sport dans la ville” (éd. La Martinière). Chaque illustration met en avant de manière insolite la pratique d’un sport à Paris. Un projet original !