- La MeÌdia'Tech
- Posts
- đ» Quand la matinale de Radio France se reÌinvente avec Tahzio
đ» Quand la matinale de Radio France se reÌinvente avec Tahzio
Aujourd'hui, c'est le grand retour de la Media'Tech ! Au menu de cette premieÌre eÌdition 2025-2026, une interview avec Axel Beaussart, "creÌatif au bureau des ideÌes" de Radio France. Une fonction dont l'intituleÌ intrigant a piqueÌ notre curiositeÌ đ On vous emmeÌne aussi au Canada, ouÌ un groupe de meÌdias utilise une voix geÌneÌreÌe par une intelligence artificielle pour lire des journaux. Enfin, on vous propose des recommandations de contenus qui nous ont inspireÌs, fait reÌfleÌchir sur ce qui se fait de nouveau dans les meÌdias aujourd'hui. Bonne lecture ! đ
Interview d'Axel Beaussart, streamer pour Radio France
L'infographie : qui gagnera la course Deepseek ou Chat GPT ?
1,2,3 IA : une voix artificielle Ă l'antenne
Les recos : Arte, Quotidien, Le Monde

« Il y a un espace pour la radio sur Twitch » : chez Radio France, la matinale se réinvente avec les lives de Tahzio
Depuis septembre 2025, Axel Beaussart alias Tahzio expĂ©rimente une nouvelle façon dâĂ©couter de la radio sur Twitch. Entre Ă©changes en direct, analyses et plongĂ©es en coulisses, il raconte sa façon dâinnover.
Tu es « créatif au bureau des idées » de Radio France. Mais ça veut dire quoi concrÚtement ?
Moi, je viens de la pub. Ă cĂŽtĂ© de ça, jâai créé mon mĂ©dia et jâai Ă©tĂ© repĂ©rĂ© par Radio France. Jâai Ă©tĂ© chroniqueur pendant trois ans chez Mouvâ, oĂč je parlais de culture Internet. Mon profil a mâa permis dâintĂ©grer le bureau : jâĂ©tais force de proposition, je soumettais des idĂ©es Ă la direction. Câest une nouvelle structure qui a Ă©tĂ© créée il y a deux ans environ. Aujourd'hui, il y a un fort enjeu Ă trouver des concepts et Ă comprendre ce qui marche bien, notamment sur Internet. Et c'est de ce constat qu'est nĂ© le bureau des idĂ©es. Il fallait des Ă©quipes en interne axĂ©es sur l'Ă©ditorial, sur lâidĂ©ation et les rĂ©seaux sociaux pour proposer des choses aux diffĂ©rentes antennes de Radio France. Par exemple, on Ă©tait en sĂ©minaire ce matin. On veut mettre le sport plus en avant chez Radio France. On sâest demandĂ© comment amĂ©liorer la visibilitĂ© de notre offre. CâĂ©tait le mĂȘme processus pour Radio Matin sur Twitch. Jâai proposĂ© ce format et câĂ©tait parti.
D'ailleurs, câest quoi la ligne Ă©dito de ce format de lives Radio Matin ?
LâidĂ©e de base, ça vient de Kameto, un streamer que j'aime beaucoup. Cet Ă©tĂ©, il jouait Ă Euro Truck Simulator, un jeu vidĂ©o de simulation de conduite. Pendant quâil ses sessions, il Ă©coutait la radio. Des Ă©missions comme Affaires sensibles. Et lĂ , je rĂ©alise quâil y a un espace pour la radio sur Twitch. Si on veut faire dĂ©couvrir la radio Ă de nouveaux publics, notamment les jeunes, pourquoi ne pas aller sur ce terrain-lĂ ? Avec un modĂšle dâexpression qui leur est propre, le format react sur Twitch. Il permet de rĂ©agir Ă des contenus, souvent des programmes tĂ©lĂ©, mais moi je voulais le faire avec la radio.
Pour prĂ©parer mes Ă©missions, la veille au soir, je fais la curation des contenus de la journĂ©e de Radio France. Je choisis ceux qui vont marcher selon moi. Et on les Ă©coute le lendemain. Je veux construire un live avec des contenus qui crĂ©eront le plus de discussions. Les programmes changent tous les jours, il nây a pas de ligne fixe.
La chaĂźne sâappelle @tahzioradiofrance. DâoĂč vient ce nom ?
Tahzio, ça a toujours Ă©tĂ© mon pseudo sur Internet. J'ai une petite base dâabonnĂ©s, notamment sur X. Quand je suis arrivĂ© Ă Mouvâ, j'ai pris ce pseudo. En plus, mon mĂ©tier Ă Mouvâ, c'Ă©tait de dĂ©crire la culture Internet, donc ça marchait bien. Pour les lives, on a gardĂ© ce nom en ajoutant âradiofranceâ.
Avant les streams, tu faisais donc partie de lâĂ©quipe de Mouvâ. La radio a quittĂ© les ondes en aoĂ»t dernier. Est-ce que tes lives, câest une façon de rĂ©cupĂ©rer les jeunes ?
Bien sĂ»r, on sâadapte aux formats des jeunes. Avec mes lives, si je peux donner envie de simplement Ă©couter la radio ou de tĂ©lĂ©charger lâappli Radio France, câest cool. Câest une nouvelle forme dâĂ©coute qui se fait avec un tiers de confiance, que je reprĂ©sente. Ce n'est mĂȘme pas une tendance, mais un nouvel usage quâon doit Ă©pouser.
Comment décrire la ligne édito des streams ? Comment a-t-elle évolué depuis septembre ?
Depuis septembre, je dirais qu'on a fait Ă©voluer le format parce qu'au dĂ©part, je voulais un format trĂšs cadrĂ©. Mais je me suis rendu compte que c'Ă©tait plus simple et plus apprĂ©ciĂ© par les gens que je sois plus flexible. On a aussi fait Ă©voluer l'horaire. Au dĂ©but, câĂ©tait de 8 heures Ă 11 heures. Maintenant, câest de 10 heures Ă 13 heures. On est passĂ© de 7-8 viewers en moyenne Ă une vingtaine. Câest Ă©norme pour Twitch. Il faut savoir que 95 % des lives ont zĂ©ro viewer.
Comment gĂ©rer lâĂ©quilibre entre rigueur journalistique et les codes de Twitch ?
Moi, je n'ai pas de rigueur journalistique à avoir parce que je ne suis pas journaliste. Je me considÚre plutÎt comme un animateur. Néanmoins, il y a une rigueur Radio France qui est réelle. Notamment, on doit faire attention à nos sources. Quand j'ai des certitudes, je les donne, parce qu'on est sur Twitch et qu'il faut parfois y aller. Mais quand je ne suis pas sûr de quelque chose, je vais vraiment le préciser. Il n'y a pas de faux-semblants. Quand je me trompe, je peux me faire corriger dans le chat. Et quand j'ai un doute, je vérifie parfois en direct. On a aussi une rigueur concernant la neutralité. Alors bien sûr, j'ai des avis. Parfois, le chat me demande de me positionner, mais je leur dis que je ne peux pas, parce que je suis salarié chez Radio France.
En regardant tes lives, on te voit parler avec le tchat que tu as lâair de bien connaĂźtre. Il y a des habituĂ©s ? Câest quoi le profil de ton public ?
J'ai un gros profil d'habituĂ©s, de plus en plus mĂȘme. La plus rĂ©guliĂšre, c'est ma grand-mĂšre qui me suit quasiment tous les matins pendant trois heures. Jâai des publics variĂ©s. Des passionnĂ©s de radio, mais qui ne consomment pas forcĂ©ment Radio France. Des gens qui font de la radio, en radio associative par exemple. J'ai aussi des personnes qui ont abandonnĂ© la radio rĂ©cemment, parce quâelles Ă©taient fĂąchĂ©es avec France Inter. Niveau tranche dâĂąge, on est entre 30 et 45 ans.
Pour finir, est-ce que tu penses que les lives Twitch servent de terrain dâexpĂ©rimentation pour dâautres formats Ă venir sur Radio France ?
ĂnormĂ©ment. Il mâarrive de tourner mon live la porte ouverte. Si des personnes du groupe Radio France veulent passer, on discute ensemble de leur poste. Ils me racontent leur mĂ©tier. Comme Mathieu Marouget, le directeur du Bureau des IdĂ©es par exemple. Moi, si jâarrive un matin et que je n'ai plus de connexion sur mon PC, je prends mon tĂ©lĂ©phone, et je filme avec en me baladant dans la Maison de la Radio. Jâai dĂ©jĂ fait un live dans la cantine aussi. En fait, ce live-lĂ , câest un outil qui permet de faire Ă©couter de la radio, mais aussi de crĂ©er du lien. Il y a une crise de confiance aujourd'hui dans les mĂ©dias et on veut qu'il y ait des humains derriĂšre tout ça. On montre aussi ce qui se passe derriĂšre Radio France, ce qui n'est pas toujours Ă©vident Ă comprendre. Je pense qu'on a envie d'encore plus appuyer sur cet angle-lĂ . J'adorerais mĂȘme faire un live oĂč on visite tous les studios de France. Ce serait trop sympa.



Remplacer des journalistes par une voix artificielle : une question qui divise la profession
De quoi on parle ?
Le groupe radiophonique Arsenal Media recourt Ă l'intelligence artificielle pour lire certains de ses bulletins informationnels du soir dans certaines de ses stations rĂ©gionales. Une premiĂšre au QuĂ©bec. D'aprĂšs Qub Radio, l'entreprise de radiodiffusion emploie le logiciel d'IA ElevenLabs. Une employĂ©e d'Arsenal Media aurait prĂȘtĂ© sa voix au logiciel d'IA. Ă partir de cet enregistrement, l'interface duplique la voix et transforme le texte (dans ce cas un bulletin informationnel) qu'on lui fournit, en bande de son. Le nouvel enregistrement est ensuite prĂȘt Ă ĂȘtre diffusĂ© Ă l'antenne.
Une utilisation de l'IA qui interroge
Cette utilisation de l'IA inquiĂšte la FĂ©dĂ©ration professionnelle des journalistes du QuĂ©bec (FPJQ). « Dans ce sens-lĂ , j'aurais tendance Ă dire que la dĂ©cision d'Arsenal ne serait pas conforme Ă notre guide de dĂ©ontologie », dĂ©nonce le prĂ©sident de la FPJQ, Ăric-Pierre Champagne auprĂšs de la rĂ©daction de Radio-Canada. Si d'aprĂšs le guide dĂ©ontologique de la FPQJ, les journalistes peuvent employer « un outil d'assistance » pour les aider Ă rĂ©sumer ou Ă prendre des notes, l'IA n'est pas rĂ©fĂ©rĂ©e comme solution de substitution aux journalistes.
Qu'en pensent les auditeurs ?
Arsenal Media prĂ©cise que les informations continuent d'ĂȘtre produites et vĂ©rifiĂ©es par des journalistes humains. L'entreprise mĂ©diatique se justifie en expliquant rencontrer des difficultĂ©s Ă recruter des journalistes. Un argument peu recevable pour Ăric-Pierre Champagne. Quant aux auditeurs, ils sont partagĂ©s. Radio-Canada et TVA Nouvelles ont demandĂ© Ă des QuĂ©bĂ©cois ce qu'ils en pensaient. Si les personnes plus ĂągĂ©es redoutent de voir l'IA remplacer les journalistes, les jeunes ne sont pas dĂ©rangĂ©s par le fait d'utiliser l'IA dans le journalisme. SĂ»rement aussi parce qu'ils sont plus habituĂ©s Ă cĂŽtoyer l'IA. Selon une Ă©tude de l'AcadĂ©mie de la transformation numĂ©rique de l'UniversitĂ© Laval 58 % des QuĂ©bĂ©cois ĂągĂ©s de 18 Ă 34 ans ont dĂ©jĂ utilisĂ© l'IA contre 13% des personnes ĂągĂ©es de plus de 55 ans.

1) De la Gopro Ă lâIphone : 10 ans pour comprendre les Ătats-Unis
Ă seize ans, Max Laulom documente son voyage aux Ătats-Unis avec sa GoPro. Dix ans plus tard, Ă lâheure des Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines en 2024, il replonge dans ses archives et retourne en Oklahoma. Son objectif : reprendre contact avec ses amis amĂ©ricains, dont la plupart sont devenus trumpistes.
On a dĂ©vorĂ© ces quatre Ă©pisodes de 20 minutes sur Arte. Le format est original et incarnĂ©. On oscille entre ses images de GoPro, des Ătats-Unis de 2014, sous Barack Obama Ă la rĂ©alitĂ© dâaujourdâhui, une AmĂ©rique du Nord fracturĂ©e. iPhone en main, il se filme aussi face camĂ©ra pour partager son ressenti. Un peu comme un youtubeur journaliste.
Il se glisse facilement dans la foule des meetings de Donald Trump et de Kamala Harris. Cela donne un aperçu proche du rĂ©el. On a adorĂ© le fait que cela parte dâune expĂ©rience personnelle mais que cela soit traitĂ© de façon journalistique, sâĂ©loignant des formats traditionnels.
2) Montrer les coulisses : la transparence est à la mode chez les médias
Quand un reporter se fait interviewer. Câest lâidĂ©e de ce nouveau format proposĂ© par lâĂ©quipe de Quotidien. Un extrait est postĂ© en rĂ©el sur les rĂ©seaux sociaux, puis une vidĂ©o de 20 minutes se retrouve sur leur chaĂźne YouTube.
Pour une fois, Martin Weill nâest pas le seul face camĂ©ra, « le mieux câest que ce soit Sarah qui vous explique comment elle a vĂ©cu ça » soutient-il. On dĂ©couvre Sara Bracq, lâune des rĂ©alisatrices, qui partage son vĂ©cu. En Afghanistan, les talibans sont furieux contre eux car ils sont venus avec une femme. Lâenvers du dĂ©cor : Sarah continue Ă filmer, terrifiĂ©e. On sent la tension et les risques encourus par les journalistes et le fixeur. Ce que lâon a apprĂ©ciĂ© câest que Martin Weill mette en lumiĂšre son JRI, Robin Braquet et ses fixeurs : des rĂŽles essentiels, souvent laissĂ©s dans lâombre.
Sur nos feeds dâactualitĂ©s, on a aussi aimĂ© la sĂ©rie de rĂ©els du journal Le Monde qui nous emmĂšne dans leurs coulisses. Comment les journalistes travaillent, comment ils fabriquent leurs vidĂ©os⊠jusquâĂ rĂ©pondre Ă une question plus inattendue : faut-il une formation dâacting pour ĂȘtre Ă lâaise face Ă la camĂ©ra ?
3) « Notre voix, notre mĂ©dia » - ZOA, lâAfrique racontĂ©e par et pour les jeunes africains
La jeunesse africaine prend la parole dans son nouveau mĂ©dia 100% numĂ©rique, ZOA. PensĂ© pour les rĂ©seaux sociaux, le projet repose sur des formats participatifs qui racontent lâAfrique par et pour ceux qui la vivent. Ă Dakar, dix jeunes journalistes venus de cinq pays travaillent ensemble, soutenus par des correspondants rĂ©partis dans onze Ătats du continent. Ils parlent de culture, sport ou encore entrepreneuriat avec des rĂ©cits accessibles et optimistes. On a adorĂ© les sujets abordĂ©s sur leur page Instagram, ça vaut le dĂ©tour !