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đŸ—žïžNoosphère, une application d'information à la TikTok ! đŸ“±

On parle aussi de journalisme de science avec Lise Barnéoud de Mediapart. On revient aussi sur le fonctionnement de Wikipédia, sur une initiative américaine pour soutenir les journaux locaux et sur une narration originale signée Reuters pour parler de jeux vidéos. Côté intelligence artificielle, on parle d'un podcast de France Culture et un autre du magazine Elle.

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Rubrique : L'Ă©dito

Aux États-Unis, une initiative de soutien Ă  la presse locale pour couvrir l’actualitĂ© de Washington a retenu notre attention. NOTUS, un mĂ©dia Ă  but non lucratif lancĂ© par l'Allbritton Journalism Institute en 2024, a constatĂ© que le paysage mĂ©diatique amĂ©ricain ne couvre pas assez les dĂ©cisions du CongrĂšs qui impactent les communautĂ©s locales.

FinancĂ©e par la Google News Initiative d’un demi-million de dollars, la dĂ©marche intervient Ă  un moment critique : depuis le retour de Donald Trump Ă  la Maison-Blanche, les mĂ©dias nationaux font face Ă  des obstacles croissants dans leur couverture de l'actualitĂ© de Washington. L'administration a durci le ton, allant jusqu'Ă  exclure des agences de presse majeures comme l'Associated Press des Ă©vĂ©nements officiels.

L’idĂ©e de NOTUS est habile : des reporters basĂ©s Ă  Washington produisent un contenu sur mesure pour sept mĂ©dias locaux soigneusement sĂ©lectionnĂ©s pour leur indĂ©pendance et leur importance locale, de Stocktonia en Californie Ă  The Assembly en Caroline du Nord. Les articles seront publiĂ©s Ă  la fois sur NOTUS et les sites d’information partenaires, pour tenir les Ă©lus responsables et Ă©clairer l'impact local des dĂ©cisions fĂ©dĂ©rales.

Ce soutien aux mĂ©dias locaux est d'autant plus bienvenu que le secteur traverse une crise financiĂšre profonde. Depuis 2005, un tiers des journaux amĂ©ricains ont fermĂ© leurs portes et deux tiers des journalistes de presse Ă©crite ont perdu leur emploi. Il apportera, espĂ©rons-le, sa pierre Ă  l’édifice pour revitaliser le journalisme local en l’aidant Ă  exercer son rĂŽle de contre-pouvoir.

« Éclats de sciences » avec Lise BarnĂ©oud, l’éducation populaire et scientifique sur Mediapart

Lise BarnĂ©oud se destinait Ă  faire de la recherche en biologie. Mais depuis 20 ans, elle a pris le tournant du journalisme scientifique indĂ©pendant. Au cours de sa carriĂšre, elle a collaborĂ© avec de nombreux mĂ©dias (Science et Vie, LibĂ©ration, Le Monde
) et a Ă©crit plusieurs livres. En 2023, elle se voit confier par Mediapart une chronique scientifique : « Éclats de sciences ». Retour avec elle sur cette aventure originale.

Sur Mediapart on s'attend plutĂŽt Ă  lire des enquĂȘtes politiques et financiĂšres. Pourtant, « Éclats de sciences » est une chronique scientifique. Quelle est la philosophie derriĂšre ce projet ?

Avec cette chronique, il y a une volontĂ© de faire de l’éducation populaire. C'est-Ă -dire faire des rĂ©cits de sciences qui permettent au lecteur de mieux apprĂ©hender le monde qui les entoure. Bien sĂ»r, on va les ancrer dans une actualitĂ©, mais en faisant des ponts avec d’autres champs, en l’intĂ©grant dans un contexte politique et socio-Ă©conomique. Parce que ces thĂ©matiques ont aussi une dimension sociĂ©tale, Ă©thique et philosophique ! L’objectif, c’est de raconter une science en prise avec son temps.

Comment est née cette rubrique ?

Tout commence au moment de la pandĂ©mie du Covid-19. Expliquer la science Ă©tait un Ă©norme enjeu Ă  cette Ă©poque-lĂ , mais c’était quelque chose qui manquait Ă  Mediapart. C’est comme ça que l’on est entrĂ© en contact, pour que je fasse des articles de vulgarisation mais aussi de l’enquĂȘte. Il fallait dĂ©crypter tout ce qui tournait autour du virus, de l’immunologie et des vaccins. C’est Ă  ce moment qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une vraie demande, les articles Ă©taient Ă  la fois trĂšs lus et commentĂ©s !

J’ai continuĂ© Ă  travailler avec eux de maniĂšre ponctuelle, parfois Ă  leur demande, parfois sur mes propositions selon les sujets. Mais le journal souhaitait quand mĂȘme qu’il y ait une couverture plus rĂ©guliĂšre de ces questions. De mon cĂŽtĂ©, j’ai toujours souhaitĂ© ĂȘtre indĂ©pendante et pouvoir traiter les sujets qui m’intĂ©ressaient quand je voulais. C’est alors que l’on m’a proposĂ© la formule actuelle : une chronique sur laquelle travaillent plusieurs pigistes.

Vous coordonnez aujourd’hui cette rubrique, en quoi cela consiste ?

En tant que coordinatrice, en plus d’écrire, c’est moi qui constitue la petite Ă©quipe de pigistes et qui relit tous les articles. Le premier job, c’est de constituer l’équipe. Ce qui n’est pas forcĂ©ment Ă©vident, surtout quand Ă  l’origine on est journaliste indĂ©pendant ! Ensuite il faut Ă©videmment s’assurer que toutes les semaines il y ait un article qui sorte. Comme on est une petite Ă©quipe de 5 ou 6 personnes selon les pĂ©riodes, on a rĂ©parti les thĂ©matiques.

Le but c’est de ne pas se marcher sur les pieds. Par exemple, je vais plutĂŽt traiter des sujets de biologie avec une portĂ©e sociĂ©tale. Pour citer les deux derniers arrivants, il y a Charlotte Mauger, spĂ©cialisĂ©e sur les maths et l’IA, et Evrard Ouicem Eljaouarhi, sur la physique et l'astronomie. Cela permet de bien suivre ses sujets et d’ĂȘtre force de proposition, et surtout force de proposition originale !

Comment choisir un bon sujet d’ailleurs ?

Pour moi, le bon sujet c’est surtout le sujet qui nous tape dans l’Ɠil. Parfois cela peut ĂȘtre des sujets un peu plus Ă©loignĂ©s de l’actualitĂ© mais il faut quand mĂȘme pouvoir faire une accroche sur ce que les gens vivent au moment oĂč ils vont le lire.

Pour repĂ©rer des sujets, j’ai Ă  la fois une veille sur les publications scientifiques et sur la presse Ă©trangĂšre. L’objectif c’est de trouver ce qui ne fait pas forcĂ©ment les gros titres chez nous, ce qui est un peu original. Concernant les actualitĂ©s qu’il ne faut absolument pas louper, on va plutĂŽt en faire des articles Ă  part, en dehors du rythme de la chronique.

Un exemple de sujet que vous avez apprécié faire ?

J’avais adorĂ© Ă©crire cet article sur la langue. Cet organe avait Ă  l’époque fait la couverture de la revue scientifique Science. Cela permettait d’aborder son Ă©volution, la question de pourquoi on a une langue, Ă  quoi elle nous sert, et la diversitĂ© de cet organe dans le monde animal. Pour moi c’est typiquement un sujet d’éducation populaire ! C’est un organe qu’on a tendance Ă  oublier et pourtant qui nous accompagne et dont on se sert tous les jours. 

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La science, ce n’est pas que des Ă©quations. On sous-estime Ă  quel point cela influence notre façon d’ĂȘtre.

Lise Barnéoud, journaliste scientifique

Est-ce que cela change quelque chose d’écrire un sujet scientifique pour Mediapart par rapport Ă  un autre mĂ©dia ?

Il y a une vraie libertĂ©, autant dans le choix des sujets que dans la maniĂšre de les traiter. Je ne l’avais jamais autant ressenti dans un autre mĂ©dia jusque-lĂ . Le format est assez permissif, ce sont des articles de 10 000 signes type « magazine ». Cela nous permet de prendre le temps d’expliquer le contexte autour d’une actualitĂ©. On peut expliquer d’oĂč viennent une proposition scientifique et ses diffĂ©rentes interprĂ©tations. Est-ce qu’on va se censurer parce qu’on Ă©crit pour Mediapart ? Je n’ai pas cette impression. Mais c’est aussi vrai que nous-mĂȘme sommes plutĂŽt en phase avec l’état d’esprit du journal.

La rĂ©daction est notamment assez attentive au fait d’éviter le techno-solutionnisme : de dire que la technologie va rĂ©gler tous nos problĂšmes de climat par exemple. Ce qui est aussi notre vision des choses dans l’équipe de la chronique ! Il est peu probable qu’on Ă©crive que des techniques de gĂ©o-ingĂ©nierie, comme le fait d’envoyer du soufre dans l’atmosphĂšre pour modifier le climat, sont une solution miracle. Mais on a quand mĂȘme traitĂ© le sujet et Ă©voquĂ© l’intĂ©rĂȘt de certaines de ces approches. On ne s’empĂȘche pas.

Pour Mediapart il y a une envie d’aborder davantage des thĂ©matiques scientifiques ?

Oui clairement, il y a une envie de se diversifier et d’aller au-delĂ  de « juste » les enquĂȘtes politiques. En 2023, au lancement de la rubrique c’était particuliĂšrement le cas. Mais de façon gĂ©nĂ©rale, je pense que c’est important que dans une rĂ©daction il y ait quelqu’un qui traite ces sujets. Parce que la culture scientifique ce n’est pas encore quelque chose qui paraĂźt Ă©vident pour tout le monde.

Le but c’est de montrer que la science, ce n’est pas que des Ă©quations, qu’il y a vraiment quelque chose qui est en lien avec notre temps. Cette culture s’inscrit aussi dans notre imaginaire. Et je pense qu’on sous-estime Ă  quel point cela influence notre façon d’ĂȘtre.

Rubrique : L'infographie
Rubrique : Med.IA
Salut Med.IA ! J’ai entendu dire que l’équipe de « Les Pieds sur Terre » de France Culture avait fait appel Ă  l’intelligence artificielle pour rĂ©aliser l’une de leurs Ă©missions. Tu sais d’oĂč leur est venue cette idĂ©e ? Hello ! Pour te rĂ©pondre, tout part de la productrice de l’émission, Sonia Kronlund, qui a eu l’idĂ©e, en juin 2024, de donner Ă  une IA une partie des archives de l’émission. C’est plutĂŽt consĂ©quent : plus d’un millier d’épisodes ont Ă©tĂ© confiĂ©s Ă  cet outil, chargĂ© de repĂ©rer les grands thĂšmes, les rĂ©currences ou encore les rebondissements de l’émission. Le but : faire gĂ©nĂ©rer par ce modĂšle un script entier d’émission, inventĂ© de toutes piĂšces, pour ensuite le mettre en musique et en sons, en s’appuyant toujours sur l’intelligence artificielle
 Mais non sans le contrĂŽle de « vrais » humains ! Que s’est-il passĂ© ensuite ? Le script a Ă©tĂ© traitĂ© par l’équipe de l’émission et la direction du numĂ©rique de Radio France, qui s’est chargĂ©e de lui donner vie, avec des voix crĂ©Ă©es par IA, basĂ©es sur celles - bien rĂ©elles - des chroniqueurs ! La voix de Sonia Kronlund, qui ouvre les Ă©pisodes, a mĂȘme Ă©tĂ© clonĂ©e Ă  partir de 2 157 lancements d’émissions. Ce travail a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© par un rĂ©alisateur, qui a travaillĂ© cette matiĂšre brute pour en faire un « vrai » Ă©pisode, avec des virgules, enrobĂ©s, et habillages musicaux. Enfin, l’IA a suggĂ©rĂ© plusieurs titres de l’émission, comme « Les Enfants du PĂ©riph » ou encore « Les Vigiles du MĂ©tavers ». Mais l’équipe de l’émission leur a prĂ©fĂ©rĂ© « Les NaufragĂ©s du tĂ©lĂ©phĂ©rique » pour le titre de cet Ă©pisode, qui a Ă©tĂ© diffusĂ© le vendredi 7 avril, Ă  13 h 30, sur France Culture. Qu’en tirent les Ă©quipes de l’émission et de Radio France ? Le rĂ©sultat est plutĂŽt bluffant, mais l’objectif Ă©tait avant tout de montrer le potentiel d’un processus autonome de gĂ©nĂ©ration d’émissions. Un rapport publiĂ© par Radio France le 5 fĂ©vrier dĂ©taille l’organisation du projet, et les dĂ©fis rencontrĂ©s par l’équipe. D’abord, reproduire le style narratif des « Pieds sur Terre » a Ă©tĂ© un vrai dĂ©fi : les modĂšles gĂ©nĂ©ratifs adoptaient d’emblĂ©e un ton sensationnaliste, proche de celui d’enquĂȘtes journalistiques tĂ©lĂ©visĂ©es. Ensuite, la gĂ©nĂ©ration audio a posĂ© problĂšme, les outils de text-to-speech peinant Ă  produire des voix rĂ©alistes, notamment en termes d’intonations. Le tout, parsemĂ© de limitations technologiques, parfois imposĂ©es par les Ă©diteurs des outils d’IA pour pousser aux abonnements. MalgrĂ© tout, l’expĂ©rience a prouvĂ©, comme l’explique le podcast de France Culture, « Un Monde connectĂ© », que l’équipe de l’émission pouvait gĂ©nĂ©rer du faux, lui rappelant ainsi ses responsabilitĂ©s d’éditeur et ses engagements envers l’authenticitĂ© des rĂ©cits. L’essence mĂȘme des « Pieds sur Terre », quoi ! Merci Med.IA. A la semaine prochaine !

👉 Pour Ă©couter l’émission, c’est juste ici et pour lire le rapport, c’est par lĂ 

Rubrique : Bref

L'info à la façon TikTok

Que faire face Ă  l’effondrement des Ă©cosystĂšmes mĂ©diatiques ? Le 25 fĂ©vrier 2025, Jane Ferguson, ancienne correspondante de guerre pour PBS NewsHour, lance NoosphĂšre, une application amĂ©ricaine d’information gĂ©nĂ©raliste couvrant le monde entier. Conçue pour les utilisateurs mobiles et accessible exclusivement sur l’App Store, la plateforme propose un flux vidĂ©o infini Ă  la maniĂšre de TikTok.

En plus des vidĂ©os, les utilisateurs peuvent accĂ©der Ă  des articles, des podcasts et des photographies, le tout pour moins de 20 $ par mois. L’objectif est de crĂ©er un modĂšle Ă©conomique durable tout en offrant aux journalistes une nouvelle maniĂšre de monĂ©tiser leur travail. L'application a dĂ©marrĂ© avec une douzaine de reporters indĂ©pendants, et de nouveaux contributeurs devraient bientĂŽt rejoindre la plateforme.

L’IA au service d’un podcast fĂ©ministe

« Faut que je te dise » est un podcast fĂ©ministe et Ă©ducatif, produit par le magazine Elle en collaboration avec le studio Louie Media. DestinĂ© aux jeunes femmes de 15 Ă  25 ans, il s'agit du premier podcast Ă  intĂ©grer l’intelligence artificielle. Face aux possibilitĂ©s offertes par cette technologie, les deux mĂ©dias ont vu l’opportunitĂ© d’informer les jeunes femmes du monde entier sur leurs droits, abordant des sujets tels que l’avortement, les menstruations ou encore les agressions sexuelles. GrĂące Ă  l’IA, 20 Ă©pisodes de 8 minutes ont Ă©tĂ© traduits en dix langues. Les traductions ont d’abord Ă©tĂ© supervisĂ©es par des traducteurs professionnels, avant que l’IA ne reproduise la voix de Marine Revol, la journaliste Ă  l’origine de ce projet.

Transformer un article en jeu vidéo

Dans un article consacré aux cozy games, ces jeux vidéo de simulation de vie apaisants comme Animal Crossing ou Les Sims, Reuters propose à ses lecteurs une expérience immersive pour illustrer les effets de ce genre vidéoludique. PlutÎt que de se contenter d'une analyse classique, le média invite ses lecteurs à plonger dans un cozy game sur mesure, créé spécialement pour l'occasion.

L'immersion se fait de maniĂšre interactive : entre les paragraphes de l'article, les lecteurs incarnent un radis dans un village virtuel. Ils ont la possibilitĂ© de rĂ©aliser diverses activitĂ©s typiques de ces jeux, telles que jardiner, discuter avec les voisins ou couper du bois. Une approche originale qui permet de ressentir directement les effets apaisants de ces jeux, analysĂ©s par les chercheurs dans l’article.

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Merci pour votre fidélité, à bientÎt ! Cette newsletter a été réalisée par Charlotte Delfosse, Edwige Denis Ward Doncoeur , Axel Favrot, Ellyn Mainguy, Quentin-Mathéo Pihour, Alexandre Thibout. Etudiants à l'ESJ Lille. Encadrement : Auriane Guérithault.