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Répondre à plus de 570 questions de lecteurs en quelques semaines ?

🤯 Le Soir l'a fait !

Le père Noël est passé, votre newsletter est arrivée ! Fraîchement déposée au pied du sapin, La Média’Tech, c’est aussi l’occasion de se poser durant cette course effrénée que sont les fêtes de fin d’année. Profitez et déballez ce cadeau, offert par notre petite rédaction. Joyeux Noël et bonne lecture !

🎙️ Média’Talk : On reçoit Christophe Berti, rédacteur en chef du quotidien belge Le Soir, au sujet de leur opération “Pourquoi ?”, où ils ont répondu à plus de 570 questions de leurs lecteurs.

🤖 IA quoi ? : Les dessous de l’accord entre OpenAI et Axel Springer.

🌍 Vu d’ailleurs : Lois fake news liberticides en Corée, Mail Online tente un modèle freemium et des caméras embarquées sur des joueurs testées en Ligue des Champions.

📊 Infographix : Les médias à l’assaut de WhatsApp.

« On est dans un milieu fermé, c’est intéressant de confronter nos priorités à celles des lecteurs »

L’été dernier, le quotidien belge Le Soir lançait une opération, devenu un format pour son journal et son site web, “Pourquoi ?”. Le but ? Répondre aux questions de leurs abonnés. Ils en ont reçu 1 083, pour plus de 570 réponses. De quoi se reconnecter aux lecteurs.

D’où est partie l’idée de cette opération ?

D’abord, il y a eu une campagne de communication du Soir, autour du slogan « Pourquoi ? ». Puis cet été, le directeur marketing me dit : « tiens, pourquoi on ne ferait pas quelque chose au niveau rédactionnel ? » Dans notre réflexion de reconnexion aux lecteurs et notre combat contre les fake news, je me suis dit qu’il fallait essayer. Nous sommes partis dans l’inconnu, on s’est demandé si ça allait intéresser les lecteurs.

On lance l’opération le 26 août. Et dès le premier jour, on reçoit 280 questions. Au bout de 15 jours, 1 083 questions de nos abonnés nous sont parvenues. Ça fait un peu peur au début car on doit toujours suivre l’actualité, c’est du travail. Mais on a aussi voulu prendre le temps de répondre et de jouer le jeu.

Comment est-ce que vous vous êtes organisés au sein de la rédaction pour répondre à ces questions ?

On a classé les questions en plusieurs catégories. Il y en avait environ 200 sur notre rédaction et nos pratiques, puis 150 sur la politique, qui faisait partie des thèmes importants avec la guerre en Ukraine, le climat, l’enseignement, la mobilité, la sécurité…

On a donc pris ces thèmes au début pour faire un vrai travail journalistique : de la vérification, des appels… Ces premières réponses ont été diffusées le 15 septembre pour une opération d’une semaine. Dans un second temps, on a traité toutes les questions qui concernaient notre rédaction dans un cahier spécial de 16 pages. On y a évoqué nos pratiques, nos méthodes, notre indépendance ou encore notre modèle économique.

La dernière partie du travail était de répondre à toutes les autres questions : on les a réparties dans toute la rédaction. Les réponses étaient diffusées dans le journal, sur une page, jusqu’au 19 novembre, ce qui nous a permis de répondre à plus de 570 questions. Pas 1.083 car certaines étaient plus des opinions et d’autres pouvaient être regroupées.

Que retenez-vous de cette opération sur l’aspect éditorial ?

Ça a été un succès d’audience. On a répondu aussi à certaines questions par des podcasts ou des vidéos et au total, on est à 2 millions de pages vues pour ce format. On a gagné aussi des abonnés, même si toutes les réponses consacrées à notre rédaction sont disponibles gratuitement.

Il ne faut pas avoir peur des lecteurs, il faut être à la hauteur du rendez-vous. Ça fait du bien aussi aux journalistes, c’est une piqûre de rappel. On est dans un milieu fermé avec une routine de production quotidienne. C’est intéressant de confronter nos priorités avec celles des lecteurs même si le projet éditorial appartient aux journalistes. Ça nous reconnecte à eux, d’autant plus qu’on a décidé d’inviter d’en inviter plusieurs à la rédaction à deux reprises.

Vous allez reconduire l’opération ?

Nous allons le refaire mais pour les gros événements, comme les élections en Belgique en juin prochain et aux Etats-Unis ou pour les Jeux Olympiques. Et j’ai aussi pris l’engagement que deux fois par an, nous ferons un point sur nos pratiques, pour garder ce lien avec les lecteurs.

Propos recueillis par Thibault Linard

OpenAI et Axel Springer : les dessous d’une alliance inédite entre IA et médias

D’un côté, OpenAI, la maison mère de ChatGPT, le plus célèbre des robots conversationnels. De l’autre, Alex Springer, géant allemand des médias aux 3400 journalistes et propriétaire du quotidien Die Welt, du tabloïd Bild et du site d’information Politico. Deux mastodontes qui ont officialisé le 13 décembre un accord d’un nouveau type : ChatGPT pourra utiliser dès le début de l’année 2024 les contenus journalistiques de Springer contre de la visibilité et un gros chèque.

  • Une première, vraiment ? OpenAI n’a pas attendu cet accord pour essayer de se rapprocher des médias d’actualité. Elle en convoite les informations pour entraîner ses algorithmes, notamment ceux de ChatGPT. L’été dernier, le groupe tombait d’accord avec l’agence de presse Associated Press (AP) et la banque d’image Shutterstock pour capter leurs contenus. Mais avec Springer, les choses vont plus loin : ChatGPT pourra fournir à ses utilisateurs des résumés d’articles dès leur parution. Avec citation de la source et liens disponibles. Même les articles payants sont concernés. Jamais l’entreprise dirigée par Sam Altman n’avait opéré un tel rapprochement.

  • Une aubaine pour Alex Springer : pour l’éditeur allemand, l’accord prévoit d’abord un joli pactole : plusieurs dizaines de millions d’euros selon le Financial Times. Springer mise évidemment sur la nouvelle visibilité dont vont bénéficier ses contenus sur ChatGPT. Il pourra aussi utiliser les outils d’OpenAI pour ses activités journalistiques. L’objectif (presque) assumé est de réduire les effectifs par l’automatisation des tâches, avec 100 millions d’euros de bénéfices supplémentaires attendus sur les trois prochaines années. « La création journalistique devient le cœur de métier tandis que la production journalistique va devenir un sous-produit », a affirmé le patron du groupe Mathias Döpfner dans une lettre aux salariés en février dernier.

  • Bataille de l’info en vue entre IA et médias ? ChatGPT montre souvent ses limites lorsqu’il se mesure à des questions d’actualité. Ce partenariat doit permettre à OpenAI de changer la donne en puisant directement dans les infos vérifiées par des groupes de presse. Ce que dénoncent d’autres médias. Certains redoutent un détournement des lecteurs vers des réponses générées par IA plutôt que sur les sites d’informations. CNN, Bloomberg, le New York Times ou encore The

     Guardian ont eux bloqué l’accès de leur contenu au robot d’exploration de ChatGPT. Le but ? Freiner l’aspiration des articles écrits par des humains pour entraîner la machine. Une sorte de garde-fou pour éviter la destruction de leur modèle économique.

Écrit par Christian Mouly
  • Corée du Sud : lutte contre les fake news ou censure des médias ?

Les syndicats de journalistes sud-coréens dénoncent depuis plusieurs mois une succession de mesures prises par le nouveau président conservateur, Yoon Suk-yeol, pour censurer les médias, au motif de lutter contre des fake news. Début décembre, Choo Chin-woo, célèbre journaliste d’investigation dont les enquêtes ont mené en prison deux anciens présidents conservateurs, a été renvoyé des chaînes de l’audiovisuel public. L’ONG Reporters sans frontières a dénoncé des mesures qui « menacent le droit à l’information et encouragent le harcèlement des journalistes », dans « un des pays les plus démocratiques d’Asie ».

  • Mail Online, un des sites d’information les plus visités au monde, tente l’aventure du « freemium »

Appartenant au même groupe de presse que le DailyMail, MailOnline est le site d’information historique au Royaume-Uni. Selon le Financial Times, il va progressivement faire une transition vers du « freemium ». Un modèle qui se base sur la gratuité, avec un accès payant pour certains articles. Jusqu’à présent tout le contenu de MailOnline était accessible, les revenus venant de la publicité. Le titre veut s’inspirer du succès du tabloïd allemand Bild, qui est passé au freemium il y a dix ans, et compte aujourd’hui 675 000 abonnés. Un choix qui pourrait convaincre d’autres sites d’informations dans le monde à adopter ce modèle.

  • En Ligue des champions, vivez pour la première fois le match comme un joueur grâce à des caméras embarquées

En collaboration avec la chaîne de télé Sky Sport Austria, le FC Red Bull Salzbourg a équipé ses joueurs de caméras pendant son match contre Benfica. Une technologie déjà utilisée en Premier League anglaise et en Euroleague de Basket, mais jusqu’à présent jamais dans la plus grosse compétition sportive européenne. Sky Sport espère apporter une nouvelle expérience pour le spectateur, encore plus immersive.

Écrit par Josué Toubin-Perre
Infographie réalisée par Khadidiatou Goro

Et pour finir…

Dernier cadeau de noël, on vous recommande chaleureusement la dernière vidéo de Stupid Economics. Avec des chercheurs, ils se plongent dans des futurs économiques possibles et souhaitables malgré la crise climatique, sans tomber dans l’utopie. De quoi penser positivement l’avenir… on en a tous bien besoin.

Rien que pour son générique qui imagine avec humour Macron président de TotalEnergies, Greta Thunberg Première ministre suédoise et même Hugo Decrypte avec des cheveux blancs… ça vaut le coup d’oeil !